Notre médiocre présent
Avoir la nostalgie d’un temps révolu, c’est avoir honte de son temps présent. Si nous célébrons tant nos morts et sommes si fiers de notre passé, c’est que nous avons honte de notre présent… Pour nos morts, les célébrations se succèdent au fil des mois . A nos morts, nous tendons les mains pour des prières… parce que de notre présent, nous ne savons que faire. Le passé nous mange notre contemporanéité ! humiliant pour l’Homme du 21e siècle. Il y a comme un désespoir du présent qui s’est transformé en un espoir dans le passé. Ce n’est pas que je suis jaloux de la vénération des morts mais leur réussite, face à ce qui paraît être notre échec, ne leur donne pas le droit de nous envahir et de nous empêche d’être. Même si dans un monde où les repères sont difficiles à trouver, il est primordial d’inclure la sagesse de ceux qui nous ont devancé dans notre façon de percevoir les choses, les morts ne nous empêchent pas de vivre ni d’être, bien au contraire, ils nous aident à mieux être et, par-delà, d’éviter les embûches qui jalonnent notre présente vie. Nous faisons bien sur la différence entre le souvenir et la nostalgie. La nostalgie étant meurtrière.
Quel sera notre legs ?
Serons-nous seulement une parenthèse dans notre civilisation pour ce que nous n’aurons rien à transmettre ? Si le passé occupe tant de place dans notre temps présent, j’ai le regrettable constat de vivre dans une société qui a cessé de penser ; donc sans futur ; qui ne peut alors plus croire à sa fin. Une société qui progresse est une société dans laquelle les fils dépassent les pères. Comment alors nous départir de notre dépendance chronique à cet héritage ? On ne sort pas seul d’un tel système. L’acte de construction de ce legs doit être collectif. Si, en tant qu’Homme présent, nous voulons pouvoir dire «j’appartiens à l’humanité», il nous faut être de ceux qui pensent leur futur ; donc de ceux qui agissent leur temps présent.