A la sortie de Mbour, sur la route de Joal, l’artiste, dans sa grande cour, élève canards, moutons, chèvres et entretient une rare collection d’oiseaux, pigeons et lapins.
On se faufile entre les variétés d’arbres pour aller d’un atelier à un autre.
Le centre d’art du Tripano : re-liaison en humanité
Ici, tout s’interroge et se prolonge. Aucun élément de cette cour n’est là par accident. Aucune couleur étrangère.
Des habits sur le fil à linge attendant la pluie afin de se passer des détergents chimiques aux œuvres d’art utilisées pour clôturer un petit carré de salade (quand on sait que l’artiste ne vend pas à moins d’un million !), on sent une simplicité pensée et domptée. Rien n’ébranle Bruce. Absolument rien. De son travail, il parle peu ; mais s’épanche en bien sur celui de ses amis : Kan-Si, El Sy, Cheikh Diouf, Cooldiabang Mory , Fatou Kande Senghor, Mansour Ciss, etc. Le Tripano est comme un labo expérimental où des artistes viennent tenter des alchimies. Leurs œuvres trônent là, inachevées, en attendant un hypothétique repassage des géniteurs.
« Nos êtres sont en trouble »
Bruce est en douleur à la suite du drame du stade de Mbour. Une partie de nous, tombée dans une grande indifférence. La banalisation des ruptures violentes l’inquiète. Les rêves périmés servis à la jeunesse aussi. La légèreté de nos êtres, exposés à tout vent, lui impose une dé-structuration de ses rapports à ses propositions artistiques humaines. Il les fixe alors et les porte. Sur ces tôles, il les ouvre et les ferme. Entrebâillement sur le monde afin que l’humain re-trouve et re-porte son être aujourd’hui oublié.
Ps : “prends 2 oeuvres que tu veux” me dit-il au moment de se quitter !
Merci mon grand. J’en prendrai grand soin