En interrogeant les humanités futures, l’artiste Abdoulaye Diallo choisit de se mettre sur une profonde interpellation de son utilité humaine, solidaire à un avenir universel qui nous incombe.

Parce qu’être attentif à soi, c’est aussi interroger le parcours de celles et ceux avec (ou contre) qui on fait peuple. l’autre aurait dit («fait monde »). C’est, toutes les aubes et tous les couchants, prendre conscience de ce que tous et toutes, avant soi, ont légué et qui nous a trouvé jusqu’à notre petite parcelle de réveil.
Alors, avec lucidité, l’artiste assume après avoir pris conscience ; nourri de ses histoires avec soi, avec les autres. Avec rien.
Tout prend alors sens. Aucun bruit, aucune voix, aucun mouvement, aucune parole, aucune maladresse ne devient banale. Parce que tout est conséquence ou cause de… Seule la longue solitude des vérités est inquiétante.
Et NOUS dans tout ça ? Et tout ce qui n’est pas NOUS ? Et tout ce qui aurait dû être NOUS et devenu, finalement, AUTRES ?
C’est là que l’artiste s’en prend à son époque. Avec intelligence. Mais surtout avec sincérité. Avec HUMANITE.
Prise ardue. Avec comme seul allié, le Temps.
Ce temps d’assumer. Ce temps qui atteste de la perdition de l’Homme (Coran 103. V.2) mais qui, surtout, offre généreusement le possible de l’action, de l’accomplissement de bonnes œuvres. Ce temps de s’enjoigner mutuellement la vérité. Ce temps de l’endurance.
Parce que, quand une humanité est en tourmente, il n’y a que par la finesse et l’attention de l’art que les affaissements humains sont évités. La sensibilité, les sensibilités, deviennent utiles parce que chargées de bonnes intentions. C’est autour de cet univers que le vivant se retrouve, convoqué dans les œuvres. Peu importe les formes. Parce que le vivant est le lieu de la non-forme. Il n’est qu’évocation, représentation, exposition incomplète de la permanence d’une complexité.
Une humanité pour demain ? Alors l’artiste interroge toutes nos inhumanités contemporaines : la parole destructrice, l’accaparement et le contrôle violent du corps de la femme, l’encombrement de nos êtres, l’enjambement des honneurs, les sous-entendus blessants, la générosité rapportée, l’indifférence à l’enfance, le mépris de la faune et de la flore, l’arrogance des interpellations…
Les inhumanités contemporaines ? C’est le dédain du temps long. Ce temps offert généreusement à l’autre et d’acquiescer avec sincérité à ce qu’il est. Le regard, même furtif, sur ce qu’il a, logera un malentendu, même muet. Ainsi naissent les distances, les classes.
Les inhumanités contemporaines ? Ce sont tous ses droits que s’abrogent abusivement une minorité pour tuer des envies légitimes, des ambitions sincères, des énergie naissantes, des droits légitimes. Jusqu’à quand ?
Les humanités de demain ? Ce sont des œuvres honnêtes. Des intentions qui transcendent les différences parce que nourries du seul viatique qui vaille : réduire les peurs, toutes les peurs, à leur plus simple expression.
L’art y aide. En couleur, en corps ou en musique. Nos cœurs n’ont besoin que d’une chose : A LOVE SUPREME. Connaissance, accomplissement et errance en prière (Coltrane).

©œuvre “A Love Supreme” de l’artiste