Une politique culturelle est un ensemble d’indicateurs visant à permettre le développement culturel d’un pays, d’une région ou d’une ville. De façon plus précise, elle est constituée d’un ensemble de principes, d’objectifs, de moyens émanent d’un groupe et mis en œuvre par une autorité.  Dès qu’on parle de politique, cela signifie donc un ensemble de finalités (long terme), d’objectifs quantifiables (à moyen terme) et de moyens (ressources humaines et financières, dispositions réglementaires, juridiques et législatives etc) qui sont explicites et cohérents entre eux. On pourrait ainsi définir la politique culturelle comme l’ensemble des schémas, des programmes, des orientations, des actions qu’un Etat ou une institution doit mener comme décision et programmation en son sein et à l’extérieur pour définir et signifier son identité et sa personnalité comme apports à l’humanité. De la culture d’un peuple, émane donc sa politique culturelle. Celle-ci existe au Sénégal depuis l’Indépendance de 1960 sous le règne de Senghor (1960-1980), puis celui de Abdou Diouf (1981-2000) et continue avec Me Abdoulaye WADE 3ème président de la République du Sénégal à la faveur de l’alternance démocratique survenue le 19 mars 2000.

La politique culturelle porte l’empreinte particulière de ces trois acteurs successifs et symbolisée par des contextes, des visions et des moyens et volontés propres à chacun d’eux.

 

I/ La politique culturelle sous Senghor et Abdou Diouf.

Le combat pour la défense et l’illustration des valeurs de civilisation du monde noir pour lequel L. S. SENGHOR s’est particulièrement distingué allait tracer l’ouverture et représentait alors le diptyque qui allait symboliser, à notre accession à l’Indépendance, l’essence de cette politique dont les grands principes sont les suivants :

1/ Principes

 

Le développement culturel comme base du développement économique et social de la Nation,

–           Nécessité de promouvoir le développement culturel,

–           Aide et soutien à la création artistique,

–           La coopération culturelle internationale en vue d’un dialogue fécond des civilisations,

–           L’intégration de la science et de la technologie à l’héritage culturel de la Nation,

–           La programmation de manifestations culturelles à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

 

Au regard de  ces principes, il est aisé d’apprécier positivement les objectifs poursuivis par le Ministère de la Culture.

 

2/ Objectifs

–           Favoriser de façon optimale l’expression culturelle plurielle de nos populations, de leurs nuances et diversités complémentaires, accorder un soutien accru aux journées culturelles.

–           Mettre en œuvre un environnement culturel conséquent capable de sous tendre un développement économique, social  et technologique dans lequel, l’homme sénégalais, profondément enraciné dans ses valeurs positives authentiques, goutera à toutes les formes élevées de la civilisation de l’universel.

–           Développer les arts plastiques, par la promotion systématique des talents sur toute l’étendue du territoire.

–           Œuvrer à l’épanouissement de la littérature nationale par un soutien accru aux créateurs.

–           Promouvoir la défense des intérêts de nos musiciens.

–           Redynamiser les structures permettant l’extension du lectorat et de l’activité éditoriale.

–           Réévaluer et réorienter les grandes manifestations culturelles (Biennale des Arts, Festivals, Expositions permanentes ou itinérantes, Spectacle Sons et Lumières).

–           Appuyer notre système éducatif, nos valeurs culturelles.

–           Imprimer une dimension culturelle dynamique à notre politique d’intégration africaine.

 

Pour atteindre ces principaux objectifs, il a été mis en place un certain nombre de structures.

 

3/ Impact des programmes d’ajustement structurel sur le secteur de la Culture

Sous l’impulsion des programmes d’ajustement structurel, l’Etat a été obligé de se restructurer. Cela s’est traduit au niveau de la culture par :

 

– la fusion de certains services :

La Direction des Bibliothèques Publiques, la Direction des Lettres et du Patrimoine Intellectuel et la Direction des Arts ont été fusionnée en une seul entité appelée DALB,

– la suppression du Service des Archives Culturelles, du Centre d’Etudes des Civilisations et du Commissariat aux Expositions d’Arts à l’Etranger.

– la diminution du personnel qui d’est traduite par des départs volontaires pour certains agents alors que d’autres étaient affectés à l’Education Nationale.

 

Ainsi, nous remarquons que la réforme administrative de 1990, qui est une des conséquences des Plans Ajustement Structurel, a diminué de manière significative le potentiel humain et structurel d’encadrement et de promotion de l’action culturelle.

 

Le même phénomène a été constaté au niveau des activités relatives à la production des biens et services culturels.

 

Exemple du cinéma, de l’édition et du Théâtre Sorano.

 

Cette période « de moins d’Etat et  mieux d’Etat » correspond aussi à un début de développement du secteur privé culturel.

 

4/ Choix politique

On peut donc dire qu’au Sénégal, dès l’accession à l’Indépendance, les autorités publiques ont conféré à la Culture une place de choix honorable dans leur priorité de développement.

 

Ainsi, l’ancien Président Senghor pour qui « la Culture est au début et à la fin du développement » en avait fait un instrument idéologique. Et s’il est permis de faire un rétrospective de la politique culturelle du Sénégal, l’on peut remarquer trois phases de 1960 à 2000 (Mars) ayant chacune une priorité fondée sur un choix politique précis :

•           Enracinement et ouverture inspirée par le Poète – Président Senghor

•           Elaboration d’une Charte Culturelle nationale inspirée par le Président Abdou Diouf (de 1983 à 1988)

•           La phase de décentralisation de l’action culturelle qui traduit la volonté politique de favoriser l’expression de la diversité  culturelle dans le respect de l’unité nationale. En 1996, la Culture est l’une des 9 compétences transférées aux collectivités locales (lois 96-06 et 96-07 du 22 mars 1996)

•           Existence d’une Lettre de Politique de Développement du Secteur de la Culture en 1999.

•           Promotion des industries et entreprises culturelles

 

5/ Budget :

–           Assez correct sous Senghor

–           Insuffisant sous Diouf

De 1994 à 1999, il était de 1,209 milliards de francs CFA

– Sous Wade, le budget est presque de 6 milliards de francs CFA en 2006 et en 2009, il est de 17 milliards. Bien entendu, ce gonflement est du à l’organisation en décembre 2009 du Festival mondial des Arts nègres (FESMAN).

 

II/ La politique culturelle sous Abdoulaye Wade

 

1/ Huit (08) Ministres de la Culture ont été nommés   en 5 ans, ce qui traduit une certaine instabilité dans le choix des hommes (de 2000 à 2005)

– On a eu différentes options pour le choix des appellations du Ministère chargé de la Culture depuis 2000. C’est ainsi qu’on peut noter successivement l’existence d’un ministère de la :

. Culture et Communication

. Culture, Tourisme et Loisirs

. Culture

. Culture et Patrimoine historique classé

. Culture, Patrimoine historique classé, Langues nationales et Francophonie (comme c’est le cas aujourd’hui)

 

2/ Définition de 07 objectifs stratégiques :

 

a)         la conservation et la mise en œuvre du patrimoine culturel

b)         la constitution d’un environnement juridique et économique favorable aux entreprises et industries culturelles

c)         la réforme du dispositif de formation aux métiers de la culture

d)         l’aménagement culturel du territoire

e)         le développement de la coopération et des échanges culturels

f)         la lutte contre la pauvreté des artistes

g)         le renforcement des capacités des acteurs culturels.

 

3/ La formulation du Programme National de Développement Culturel (PNDC) dont les composantes sont les suivantes :

. Aménagement culturel du territoire

. Développement des ressources humaines

. Appui à l’initiative privée

. Coopération et échanges

. Exécution du PNDC

. Financement du PNDC

 

4/ Les Grands projets culturels du Chef de l’Etat

. Le 3ème FESMAN prévu du 1er au 21 décembre 2009

. Le Musée des Civilisations Noires

. Le Monument de la Renaissance Africaine

. La Place du Souvenir

. Le Musée d’Art Contemporain

. La Bibliothèque Nationale

. Le Grande Théâtre

. L’Institut de Civilisation et de Langues Françaises

. La Nouvelle Ecole d’Architecture

. La Maison des Archives.

 

5/ Autres actions importantes sous le Président Wade

–           Un foisonnement des initiatives privées dans le domaine de la Culture

–           Un accroissement conséquent du budget  du Ministère

–           Un renforcement du personnel de la Culture

–           Une plus grande implication des collectivités locales

–           Beaucoup plus de manifestations culturelles

–           Elaboration d’un Agenda Culturel National en 2005

–           Une généralisation de l’utilisation des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC)

–           L’existence d’un site web au Ministère de la Culture

–           La diversité culturelle au cœur des préoccupations du Département (mise en place du réseau des acteurs pour la diversité culturelle)

–           Inscription de nouveaux sites sur liste du patrimoine matériel mondial de l’Unesco: Sine Ngayène

–           Inscription du « Kankourang », tradition culturelle casamançaise sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco

–           D’autres sites sont sur la liste des candidats au patrimoine immatériel de l’humanité. Il s’agit du «Xoy» et du «Yéla»

–           Création de la Commission Nationale des Trésors Humains Vivants

–           Le Ministère de la Culture a été choisi comme ministère pilote pour l’Intranet gouvernemental avec E-LIANE CULTURE.

–           Le Décret n° 2008-832 portant organisation du Ministère chargé de la Culture a doté pour la première fois celui-ci d’un Secrétariat général ainsi que dix directions, de quinze services environ et d’autres importantes structures

–           Pour la gestion budgétaire 2009 le Ministère vient d’entrer dans le CDSMT (Cadre de Dépenses Sectorielles à Moyen Terme), processus qui met en avant la gestion axée sur les résultats

–           En début février 2009 le Ministère a reçu le Sédar Culture, primant le meilleur entrepreneur culturel de l’année 2008 en la personne de son Ministre.

 

Souleymane NGOM

Chef du Service de Coordination des Centres culturels régionaux et de la décentralisation du Ministère chargé de la Culture